20/06/2021

COUP DE SANG | LA COULEUR DE L'AIR (tome 3) (Enki Bilal - 2014)

 Casterman - 92 pages

16/20   « Reset » de l'humanité

    Voici une nouvelle horde de survivants qui se déplace dans les airs cette fois-ci. Esther Roblès, Anders Mikkeli, Zibbar et les jumelles Louisa et Louissa sont à bord d'un zeppelin dans lequel ils sont parvenus à sauter alors que le sol se dérobait sous leurs pieds. Ils découvrent qu'ils ne sont que temporairement à l'abri car leur moyen de locomotion est en réalité un futur cercueil tant il est rempli de déchets nucléaires. De façon toujours aussi incongrue, les citations pullulent à bord à travers les voix des jumelles qui débitent du Nietzsche à tour de bras.

  Les personnages des deux tomes précédents reviennent également sur le devant de la scène.
Bacon et son dauphin accompagnés de Kim terminent leur périple maritime pour trouver un peu de calme dans une maison qui ne tarde pas à s'envoler. Ils découvrent avec stupéfaction que le ciel se remplit de mammifères marins et autres poissons eux aussi volant dans la même direction inconnue.
Pendant ce temps-là, Lawrence, Julia et Rœm voyagent à bord de leur automobile en suivant un nuage en forme de flèche. Peu à peu, la route devient impraticable tant ses métamorphoses la déforment. Leur voiture finit par être littéralement avalée. Lawrence, philosophe, déclare en parlant de notre planète : « Elle débarrasse les hommes de leurs scories... Ma petite Ferrari en était apparemment une... »
Petit à petit, ils vont à leur insu rejoindre Lester et Ana et les délivrer d'une bien mauvaise position.

  Enki Bilal fait son grand nettoyage sur la Terre. L'un de ses personnages clame d'ailleurs : « Le coup de sang, c'est la planète qui nous dit stop, qui nous dit merde... »
Tous les protagonistes de sa trilogie sont menés vers une nouvelle ère basée sur des lois saines loin du capitalisme effréné et des guerres qui n'ont apporté que malheur aux hommes et à leur unique lieu de vie. Dans un volcan en guise de sac poubelle, le dessinateur de science-fiction déverse toute la noirceur du monde matérialisée ici par les bombes, roquettes, missiles et autres armes pour lesquelles l'humanité n'a jamais manqué d'imagination. Sans oublier de mentionner une odeur indescriptible digne des pires immondices.
Parsemé de citations de Théodore Monod ou de Jean-Luc Godard, ce dernier volume s'ouvre sur une vision optimiste d'un auteur que l'on associe pourtant à tort au pessimisme le plus total depuis toujours. Oui, Bilal cultive l'espoir d'un monde meilleur dans son œuvre. La tétralogie du monstre le prouve également malgré un scénario noir et déprimant.
La lumière, la renaissance, le pardon adviennent toujours chez ses personnages dont la Terre fait ici partie. Mais la réalité sera-t-elle aussi salvatrice ? L'humanité aura-t-elle vraiment une seconde chance ? La fiction et l'art sont là pour poser la question même si les dés sont certainement déjà lancés...

[Critique publiée le 20/06/21]

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