Grasset - 294 pages
13/20 Le retour de la sonde Voyager
Camille est un informaticien surdoué travaillant sur l'intelligence artificielle et capable de pirater les données privées du monde virtuel. Il a ainsi travaillé de façon illicite dans de nombreux pays dérobant des fichiers pour satisfaire l'appétit de sombres commanditaires. Dans le jargon culturel, on dit de lui qu'il est un « nerd » : un être asocial, solitaire et obnubilé par des sujets intellectuels complexes et arides. Il est repéré par un homme d'affaires, Vincent Voragine, qui édite et publie les pensées de plusieurs de ses condisciples philantropes dont l'influence sur le monde économique est majeur.
Ces trois personnages vont être reliés par un événement totalement imprévu et inexplicable au sujet de la sonde Voyager 1.
L'auteur retrace ainsi avec pédagogie cette formidable aventure spatiale démarée en 1977. Cette année-là, deux sondes Voyager ont été lancées dans l'espace. À ce jour, elles sont parvenues dans le vide interstellaire après avoir traversé notre système solaire. Voyager 1 et 2 ont permis de mieux connaître les atmosphères des planètes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune ainsi que d'y découvrir de nombreux satellites inconnus jusqu'ici. Leur vitesse de dix-sept kilomètres par seconde leur permettra d'atteindre l'étoile la plus proche de nous, située dans la constellation de la Girafe, dans quarante mille ans. Par ailleurs, elles possèdent chacune un disque de cuivre contenant des informations à destination d'hypothétiques êtres intelligents : un schéma localisant le Soleil et la Terre, les bases du système numérique, le mot « bonjour » traduit en cinquante-cinq langues, des chants de baleine et vingt-sept morceaux de musique choisis par le célèbre astrophysicien Carl Sagan.
Ici, l'auteur imagine qu'en 2006 la Terre a perdu le contact avec le signal de Voyager 1. Ce n'est qu'en 2015 qu'il est à nouveau entendu mais avec une anomalie majeure : la distance à laquelle se trouve la sonde, au lieu d'augmenter, diminue !
Camille, grâce à ses talents, intercepte l'information et la divulgue dans le milieu des hackers. Puis il se rend en compagnie de Voragine à un sommet international de l'ONU sur le développement durable à Rio de Janeiro ; c'est là qu'il voit pour la première fois la sensuelle Grace et qu'il ébruite l'information incroyable que le monde ne connaît pas encore mais que la NASA a volontairement caché durant plusieurs années.
Cette hypothèse renversante du retour de l'objet d'origine humaine le plus éloigné de la Terre est vertigineuse. Et malgré les nombreuses pistes d'explication rationnelle des scientifiques, l'idée d'une origine extraterreste devient de plus en plus prégnante.
Pour étayer ses propos et asseoir son roman sur un socle scientifique solide, l'auteur évoque ainsi le paradoxe de Fermi ou encore la physique quantique et son fameux chat de Schrödinger. Il montre aussi comment une information peut être divulguée sous forme de rumeur et partage ses connaissances intéressantes sur l'économie, le capitalisme et l'altermondialisme ainsi que sur le monde du « darkweb ».
Grace s'envole pour la Station spatiale internationale lorsque la sonde se rapproche de la Terre. Je ne vais pas dévoiler davantage l'intrigue ni la découverte qui sera faite...
À l'image de L'anomalie, prix Goncourt 2020, Piraterie aborde de nombreux sujets et les relie au cœur d'une histoire de science-fiction. Malheureusement, la construction global du récit ne m'a pas convaincu. Malgré le sujet passionnant du retour de Voyager 1, je ne me suis pas attaché aux personnages principaux que sont Grace et Camille. Les relations humaines manquent de chaleur, le mélange entre le piratage informatique et le sommet sur le développement durable m'a un peu dérouté.
Bref, je suis ressorti de ma lecture en me demandant si j'avais raté quelquechose. Cela est vraiment dommage !
[Critique publiée le 10/03/23]
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